Jour du Déficit de la Suisse en 2023 :
25 mai

Parce qu’elle utilise 4,4 fois la biocapacité de son territoire national, l’économie suisse est très insuffisamment préparée à l’avenir prévisible du changement climatique et des contraintes en ressources biologiques à l’échelle mondiale. De nombreuses options existent pourtant. Mais les tendances historiques de consommation indiquent que la Suisse ne fait pas les choix nécessaires pour s’assurer un avenir prospère.

Pourquoi le dépassement a-t-il un impact sur l’économie du pays ?

L’avenir n’a jamais été aussi prévisible. Nous savons que les gens voudront manger et dormir. Ils veulent aussi être mobiles, se sentir en sécurité et s’amuser. En outre, il est évident que nous vivrons dans un monde où le changement climatique s’accentuera et où les ressources seront de plus en plus limitées. Cela est vrai dans tous les scénarios imaginables. De plus, cet avenir se rapproche de nous plus rapidement que la vitesse d’adaptation de nos villes, nos entreprises, nos infrastructures énergétiques et nos systèmes alimentaires.

Par conséquent, la sécurité des ressources écologiques d’un pays devient un indicateur central de sa puissance économique. La guerre prolongée en Ukraine et les perturbations qu’elle a entraînées sur les ressources en sont une illustration. Cette guerre a mis en évidence notre fragile dépendance à l’égard des énergies fossiles. Des efforts massifs nous ont aidés à nous émanciper de l’approvisionnement russe, mais notre dépendance à l’égard des énergies fossiles reste énorme.

Une transition rapide en matière d’énergie et de ressources vaudra au monde en général un changement climatique moins extrême et à chaque acteur en particulier une situation beaucoup plus fiable en matière de ressources. Quand on songe qu’aujourd’hui, la Suisse consomme 4,4 fois plus que ce que ses propres écosystèmes peuvent régénérer.

En prolongeant notre dépendance aux énergies fossiles, nous augmentons le risque de nous retrouver avec des actifs moins utiles (et, à terme, échoués), des tensions mondiales et des troubles politiques. La sécurité alimentaire devient particulièrement critique, avec des implications directes pour l’économie mondialement intégrée de la Suisse.

Ceux qui retardent leur transition en matière d’énergie et de ressources s’exposent à des risques de plus en plus importants et inégaux. Les inégalités se creusent entre ceux qui se préparent judicieusement et renforcent leur résilience et ceux qui attendent, s’affaiblissant eux-mêmes. Ceux qui ne s’engagent pas dans le changement prendront du retard. C’est un double risque, car ils seront fragiles dans un monde de plus en plus fragile. « Il n’est pas certain que la Suisse ait la volonté de se préparer de manière adéquate à l’avenir prévisible du changement climatique et de la limitation des ressources. La guerre en Ukraine a peut-être été un signal d’alarme, mais en même temps, la volonté politique de changer réellement de cap est encore faible, » a déclaré Mathis Wackernagel, président de Global Footprint Network. « Même si la Suisse fait des efforts, notamment en améliorant l’efficacité thermique des maisons ou en utilisant de l’électricité d’origine hydraulique, le pays est encore loin d’être apte à fonctionner dans un monde en proie à un dépassement persistant. Le fossé reste immense. »

Sur la base des données de 2018, la consommation alimentaire des résidents suisses a nécessité à elle seule la capacité de plus d’une Suisse entière. Leur mobilité a requis la même quantité. Au total, 77 % des ressources biologiques nécessaires aux Suisses proviennent de l’étranger.

Le logement à lui seul représente environ 1/6e de la demande totale. Dans ce contexte, nous nous sommes associés à Eberhard, une entreprise de construction qui fait œuvre de pionnier en matière de recyclage des déchets de construction. Patrick Eberhard, membre du conseil d’administration de l’entreprise, souligne que « l’infrastructure a des effets de verrouillage considérables. Pour le meilleur ou pour le pire. C’est pourquoi la qualité de la construction est une pièce maîtresse du puzzle. »

Les villes, les entreprises ou les pays qui ne se préparent pas à l’avenir prévisible évoqué plus haut seront largement désavantagés. Il va être de plus en plus essentiel d’agir vite, tout en faisant bien les choses, car l’infrastructure physique des villes et des entreprises s’adapte plus lentement que l’avenir aux ressources limitées qui s’annonce. Comment la Suisse se positionne-t-elle ? Quelles sont nos options ?

La figure ci-dessus compare le nombre de Suisses nécessaires à la consommation annuelle de ressources des habitants de la Suisse au nombre de Terres nécessaires si l’humanité entière vivait comme les habitants de la Suisse.

Une chose est évidente. La vitesse et l’ampleur avec lesquelles la Suisse transforme son économie érodent les perspectives à long terme de la Suisse.

Ressources complémentaires

 

À propos de l’Empreinte Écologique

L’Empreinte Écologique est la mesure comptable des ressources biologiques la plus complète qui soit. Elle additionne toutes les demandes concurrentes de l’humanité en matière de ressources écologiques. Pour ce faire, on additionne toutes les zones productives en biens et services écologiques : produits alimentaires, bois, fibres, séquestration du carbone et infrastructures. Actuellement, les émissions de carbone provenant des énergies fossiles représentent 60 % de l’Empreinte Ecologique de l’humanité. Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, l’empreinte carbone doit être nulle avant 2050.

 

À propos du dépassement écologique

Depuis le début des années 1970, l’humanité est en déficit écologique. Alors que la biocapacité par personne de la Suisse est inférieure de 36 % à celle du monde entier, son Empreinte Écologique par habitant est environ trois fois plus importante. Cette surcharge ne peut pas durer indéfiniment. Les effets du dépassement écologique mondial peuvent déjà être observés sous la forme de déforestation, d’érosion des sols, de perte de biodiversité et d’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Le déficit écologique signifie que nous consommons non seulement les « intérêts » annuels de notre capital naturel, mais que nous épuisons également ce dernier en prélevant sur l’avenir des ressources que nous exploitons dans le moment présent. S’appuyer sur les avances de ressources soutirées aux générations futures n’est clairement pas une stratégie fructueuse sur le long-terme.

 

À propos de Global Footprint Network

Global Footprint Network est une organisation internationale qui aide le monde à vivre selon les moyens de la Terre et à répondre au changement climatique. Depuis 2003, nous nous sommes engagés avec plus de 60 pays, 40 villes et 70 partenaires mondiaux à fournir des informations scientifiques qui ont permis de prendre des décisions politiques et d’investissement à fort impact. Ensemble, nous créons un avenir où chacun d’entre nous peut s’épanouir dans les limites des ressources écologiques de notre planète. www.footprintnetwork.org

 

À propos du projet Food4Future

Food4Future est un projet collaboratif de Global Footprint Network, de l’équipe Circular Food Systems du groupe Farming Systems Ecology de Wageningen University & Research (www.circularfoodsystems.org), et de l’Institut de recherche sur l’agriculture biologique (FiBL). Le projet vise à étudier comment rendre le système alimentaire compatible avec une planète unique en nous rapprochant de nouveaux moyens de nourrir la population mondiale tout en préservant la planète. Pour ce faire, nous combinons nos prouesses scientifiques avec notre capacité à impliquer les principales parties prenantes et les décideurs. Food4Future est généreusement soutenu par la Stiftung AVINA.

Contacts médias

media@footprintnetwork.org

Debora Barioni (anglais, italien)
debora.barioni@footprintnetwork.org
mobile : +39 347 1234586

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